Longtemps ignorée, la neurodiversité fait aujourd’hui une entrée timide mais déterminante dans les réflexions sur l’inclusion en entreprise. TDAH, autisme, troubles DYS, HPI… Ces profils dits neuroatypiques représentent près de 20 % de la population, mais restent encore largement sous-représentés dans le monde professionnel.
Pourtant, intégrer ces talents pourrait transformer positivement nos organisations, à condition de repenser certains codes du recrutement, du management et de l’environnement de travail.
Dans cet article, nous vous proposons un tour d’horizon clair et structuré : qu’est-ce que la neurodiversité, quels sont les freins persistants à son inclusion, pourquoi faut-il l’encourager, et surtout comment l’intégrer concrètement au sein de vos équipes.
Neurodiversité : de quoi parle-t-on exactement ?
Le mot neuroatypique est de plus en plus utilisé, notamment depuis son entrée dans le Petit Robert 2025. Pourtant, sa définition reste souvent mal comprise. Ce terme désigne des personnes dont le fonctionnement cérébral est différent de la norme, appelée « neurotypique ».
Ces différences sont présentes dès la naissance. Elles regroupent plusieurs profils :
Ces particularités ne sont pas visibles au premier regard. En effet, environ 80 % des handicaps sont invisibles. Cette réalité est encore trop peu connue : moins de 10 % des salariés, employeurs ou citoyens en ont conscience.
Inclusion des profils neuroatypiques : quels freins persistent ?
Si l’intégration des profils neuro-atypiques progresse, elle reste freinée par une double difficulté : un manque de connaissance des troubles et une réelle complexité liée à leur diversité. Ces handicaps sont souvent incompris ou mal pris en charge dans les environnements professionnels.
Lire également : Comment les innovations technologiques améliorent la diversité au sein de l’entreprise ?
Troubles DYS : des impacts sur les apprentissages de base
Les troubles DYS (dyslexie, dyspraxie, dyscalculie, dysgraphie…) concernent environ 15 % de la population. Ils touchent le langage, l’écriture, le calcul ou la coordination. En entreprise, cela peut entraîner des difficultés à suivre un rythme de travail standard, à utiliser certains outils ou à lire des consignes complexes.
TSA : des besoins spécifiques dans la communication et l’environnement
Les troubles du spectre de l’autisme (TSA) affectent les capacités de communication, les interactions sociales et la gestion sensorielle. Certaines personnes autistes, parfois non verbales ou très sensibles aux stimuli, ont besoin de repères clairs, d’un environnement calme et de tâches bien définies.
TDAH : un trouble souvent mal perçu en entreprise
Le trouble de déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) touche environ 2,5 % des adultes. Il peut entraîner de l’impulsivité, une difficulté à se concentrer longtemps ou à hiérarchiser les priorités.
HPI : un potentiel élevé, mais souvent en décalage
Les personnes à haut potentiel intellectuel (HPI), environ 2 à 3 % de la population, ne sont pas reconnues comme en situation de handicap. Pourtant, leur façon de penser très rapide, leur hypersensibilité ou leur besoin de sens peuvent entraîner mal-être, isolement ou tension si l’environnement professionnel ne s’adapte pas
Un enjeu de confiance et de posture managériale
La complexité de la neuro-atypie ne doit pas être un frein au recrutement. En réalité, la plupart des neuro-atypiques savent exactement quelles missions sont compatibles avec leur fonctionnement.
Ils éviteront naturellement les postes qui ne leur conviennent pas.
Ce qui peut faire la différence, ce sont :
✨ Une culture managériale fondée sur la confiance et l’écoute.
💪 Une volonté d’adapter les tâches ou les outils.
🧐 Un minimum de formation ou d’information pour éviter les erreurs de perception.
En clair, l’enjeu n’est pas de tout comprendre, mais de créer un cadre souple, inclusif et respectueux des singularités.
Quelles actions concrètes pour une meilleure inclusion des profils neuro-atypiques ?
Favoriser l’inclusion des personnes neuro-atypiques ne relève pas uniquement de la responsabilité sociale de l’entreprise. C’est aussi un levier de performance durable. Pour cela, plusieurs actions concrètes peuvent être mises en place.
1. Adapter l’environnement de travail
Postes aménagés, horaires flexibles, consignes simplifiées, télétravail : ces ajustements permettent de limiter les sources de surcharge cognitive et d’offrir un cadre de travail plus accessible.
Lire également : 8 solutions concrètes pour une évaluation objective des candidats et lutter contre les discriminations.
2. Former les équipes et managers
Sensibiliser les collaborateurs et former les managers à la diversité cognitive aide à déconstruire les préjugés. Cela renforce la culture d’inclusion et facilite le dialogue autour des besoins spécifiques de chacun.
3. Prévenir l’épuisement lié à l’hyperadaptation
Les personnes neuro-atypiques développent souvent de fortes capacités d’adaptation, parfois au prix de leur propre équilibre. Cette hypervigilance constante peut entraîner de l’épuisement, voire un burn-out. Mettre en place des temps de pause, un suivi RH ou des espaces de parole peut aider à prévenir ces situations.
4. Valoriser les forces plutôt que de compenser les différences
Plutôt que chercher à « corriger » les écarts, il s’agit de capitaliser sur les aptitudes spécifiques : pensée en arborescence, créativité, rigueur, mémoire, vision globale… Autant de talents souvent présents chez les profils atypiques.
5. Ne pas oublier l’inclusion sociale
L’un des risques majeurs reste l’isolement au sein des équipes. Il est essentiel de favoriser un sentiment d’appartenance au collectif : pair aidance, mentorat, espaces d’échange informels… Chaque initiative compte pour éviter l’exclusion invisible.
En conclusion
Inclure les personnes neuroatypiques, c’est :
- Reconnaître des talents souvent invisibles,
- Briser les stéréotypes,
- Transformer la culture d’entreprise vers plus d’humanité et d’efficacité,
- Une entreprise inclusive est une entreprise qui s’adapte, qui écoute et qui innove.
Et vous, où en êtes-vous dans votre démarche neuro-inclusive ?