Quelle place pour la femme dans les métiers du transport et de la logistique ?

Dans les transports et la logistique, les femmes restent largement sous-représentées : elles ne représentent que 27 % des salarié·e·s du secteur, contre 47 % dans le privé en général. Pourtant, elles y occupent proportionnellement plus de postes de cadres que les hommes (16 % contre 11 %). Mais les écarts de salaires restent marqués : en équivalent temps plein, une femme cadre perçoit en moyenne 22,8 % de moins qu’un homme.

À l’heure où la filière se transforme — digitalisation, transition écologique, nouveaux métiers — intégrer davantage de femmes n’est plus seulement une question d’équité, c’est un enjeu stratégique pour les entreprises.

Les femmes restent largement minoritaires dans le secteur transport-logistique. En 2023, elles représentent seulement 19 % des salariés de la branche. Cette part chute à 12 % dans le transport de marchandises et à 11 % dans les métiers de la conduite.

En revanche, leur présence est nettement plus forte dans certaines fonctions :

77 % des postes en gestion sont occupés par des femmes,

61 % dans les ventes et achats,

mais seulement 6 % en maintenance.

Les femmes sont aussi sous-représentées chez les ouvriers (12 %), mais majoritaires chez les employés (61 %), confirmant une forte segmentation des rôles.

Malgré cette sous-représentation, quelques signaux positifs émergent :

📈 En un an, la part des femmes dans la branche a progressé de 2 points, atteignant près de 150 000 salariées.

Les auxiliaires de transport enregistrent la plus forte progression (+3 pts, soit 22 %).

Côté formations supérieures, les candidatures féminines sont proches de la parité : 46 % des candidates, 48 % des admises.

Par ailleurs, 23 % des femmes de la branche occupent un poste de cadre ou de technicienne, contre seulement 10 % des hommes, montrant leur accès plus fréquent à des fonctions à responsabilité.

La faible présence des femmes dans les métiers du transport et de la logistique s’explique en partie par une culture professionnelle encore très marquée par des stéréotypes masculins. Le secteur reste associé à des conditions de travail éprouvantes, des horaires décalés et une image « virile » qui freine les vocations féminines. Le manque de figures inspirantes n’arrange rien : peu de modèles féminins visibles occupent des postes opérationnels ou à responsabilité.

À cela s’ajoutent des conditions de travail souvent peu adaptées : infrastructures sanitaires inégalement pensées, équipements non ergonomiques, et difficulté à concilier vie privée et mobilité. Sur le plan des politiques internes, le constat est tout aussi préoccupant : seules 12 % des entreprises de logistique disposent d’un véritable programme de diversité et d’inclusion.

Résultat, alors même que la filière fait face à une pénurie estimée à plus de 60 000 conducteurs, les femmes ne représentent encore que 4 % des chauffeurs en France.

Et pourtant, les besoins sont immenses : en 2023, près de 195 400 recrutements ont été identifiés dans le transport et la logistique, dont 44,4 % jugés difficiles. Un paradoxe qui souligne l’urgence d’agir pour rendre ces métiers plus inclusifs, visibles… et attractifs.

Dans un secteur qui peine à attirer de nouveaux talents malgré des besoins massifs, féminiser les effectifs représente une réelle opportunité. Pour y parvenir, les entreprises doivent agir à plusieurs niveaux : image, formation, conditions de travail et politique RH.

Trop souvent perçus comme physiques, pénibles ou exclusivement masculins, les métiers du transport et de la logistique souffrent encore d’une image datée. Pourtant, les réalités du terrain évoluent : automatisation, robotisation, digitalisation… autant de transformations qui rendent ces professions plus accessibles à toutes et à tous.

Les entreprises ont donc un rôle clé à jouer pour moderniser cette image, en communiquant mieux sur :

la diversité des métiers proposés,

👩 les parcours inspirants de femmes déjà en poste,

et les possibilités d’évolution rapide, y compris vers des fonctions à responsabilité.

Beaucoup de jeunes femmes ne s’orientent pas vers ces filières, faute d’information ou d’exemples concrets. Pour inverser la tendance, il est essentiel d’intervenir en amont :

en organisant des ateliers de sensibilisation dans les lycées et les CFA,

en proposant des stages d’observation ou des immersions courtes,

🎤 et en valorisant des témoignages de professionnelles, accessibles et représentatives.

Une fois recrutées, encore faut-il offrir aux femmes les conditions nécessaires pour s’épanouir durablement dans l’entreprise. Cela passe par :

un accès équitable à la formation et aux opportunités d’évolution,

des dispositifs d’accompagnement comme le mentorat ou le tutorat,

💡 et une attention particulière portée aux temps partiels subis ou aux freins liés à la parentalité.

des équipements adaptés à toutes les morphologies

🧘‍♂️ des sanitaires et espaces de repos correctement pensés

Lire également : Inclusion et mixité au travail : pourquoi et comment y parvenir ?

Enfin, créer une culture d’entreprise respectueuse et équitable est essentiel pour fidéliser les collaboratrices. Une égalité renforcée permet aussi d’améliorer sa réputation vis-àvis des clients, investisseurs…

Cela implique de :

mettre en place des formations à la prévention des discriminations,

auditer régulièrement les écarts de salaires et de traitement,

faire labelliser l’entreprise (GEEIS, charter diversité, Ifcn)

💪et surtout, afficher une politique de tolérance zéro face aux comportements sexistes.

La féminisation du transport et de la logistique ne relève plus du choix éthique, mais de la nécessité : recrutement, performance, conformité, image – les bénéfices sont clairs. Pour les entreprises, il s’agit désormais d’agir concrètement, à travers des politiques RH ambitieuses, des adaptations matérielles et une communication volontaire. Ce défi n’est pas seulement possible : il est rentable.