7 % des cadres sont en situation de handicap, mais moins de 2 % osent le déclarer officiellement. Un chiffre révélateur d’un malaise persistant dans le monde du travail. En France, malgré des politiques d’inclusion renforcées, de nombreux cadres préfèrent taire leur handicap. Par peur d’être jugés. Par crainte de voir leur carrière freinée. Par manque de confiance dans leur environnement professionnel.

Résultat : fatigue accrue, isolement, opportunités manquées, et surtout, un non-recours massif à la RQTH. Ce silence a un coût — humain et organisationnel.

Dans cet article, nous vous proposons de décrypter ce phénomène, en nous appuyant sur des études récentes. Nous explorerons les freins à la déclaration, les impacts pour les collaborateurs comme pour l’entreprise, et surtout, des leviers concrets pour agir.

Pourquoi les cadres hésitent-ils à déclarer leur handicap ?

La majorité des cadres en situation de handicap choisissent de ne pas en parler en entreprise. Derrière ce silence, des freins puissants, souvent méconnus, mais bien réels.

Chiffre clé

Seulement 110 000 cadres en situation de handicap occupent un poste aujourd’hui en France. À comparer entre 3,9 et 4,4 millions de cadres en France. Un écart qui s’explique par des parcours souvent freinés et des niveaux de qualification plus faibles : 1 personne sur 3 n’a pas dépassé le CAP.

🔍Résultat : l’accès aux fonctions cadres reste très limité pour une grande partie des personnes en situation de handicap.

Carrière à l’arrêt : une peur omniprésente

🧐 Les cadres redoutent un impact direct sur leur évolution professionnelle.
Dans un environnement où la performance est reine, certains cadres craignent d’être mis à l’écart des projets à forte valeur.
Pire encore, ils redoutent de se voir confier des missions moins ambitieuses, prétendument pour les « protéger ». En effet, ces freins à la mobilité interne, à la formation et à la promotion nourrissent la peur d’un parcours professionnel à l’arrêt.

Chiffre clé

L’étude de l’Agefiph met en lumière une insatisfaction généralisée concernant les perspectives d’évolution chez les actifs en situation de handicap.

65 % des personnes handicapées se disent satisfaites de leur emploi en 2024. Elles étaient 74 % en 2022. Leur satisfaction reste inférieure à celle des salariés en général (70 %).

61 % jugent difficile d’évoluer vers un poste à responsabilité. 1 personne sur 2 rencontres des obstacles à l’intégration dans l’équipe.

Handicap : se déclarer dès l’embauche ? Un pari risqué

💡 Mentionner son handicap sur un CV reste un vrai dilemme. Selon une étude Agefiph, FIPHFP et Ladapt (2024), 92 % des recruteurs conseilleraient à un proche d’en parler en entretien. Mais ils ne sont que 61 % à recommander de le signaler dès le CV.

🤔 Pourquoi ce flou ? Parce que le risque de discrimination à l’embauche reste bien réel. La transparence est encouragée… mais rarement sans conséquence.

🔍 Résultat : beaucoup choisissent la prudence et attendent le face-à-face pour évoquer leur situation. Parfois, ils préfèrent même ne rien dire du tout.

Cette méfiance ne disparaît pas une fois le contrat signé. Une étude Apec menée après les Jeux paralympiques de 2024 en témoigne. 1 000 cadres du privé ont été interrogés sur leur perception du handicap en entreprise. Certes, 60 % disent avoir changé de regard après les JOP.

👉 Mais dans les faits, le terrain reste peu inclusif :

58 % estiment que les entreprises recrutent trop peu de personnes en situation de handicap. Programmes de formation interne spécifiques peut également faciliter l’intégration de vos nouvelles recrues.

54 % jugent que leur évolution professionnelle est insuffisamment soutenue.

52 % dénoncent des conditions de travail inadaptées à la performance.

Conseil Jobinlive

💪Pour une intégration réussie, il est essentiel d’impliquer tous les acteurs : direction, managers, fonctions supports, et représentants des salariés. Lutter contre les stéréotypes et sensibiliser les équipes est indispensable pour créer un climat de confiance.

✅ Les actions doivent être adaptées à la structure de l’entreprise (taille, nombre de sites) et se connecter aux initiatives existantes.

📢 Il est essentiel d’informer les salariés sur les ressources disponibles et de leur indiquer la personne à contacter en cas de question. Rappel : les entreprises de plus de 250 salariés doivent désigner un référent handicap.

Les freins à la déclaration du handicap chez les cadres 

🚨 De nombreux cadres évitent de déclarer leur handicap en raison de la complexité du processus administratif, qu’ils connaissent mal. Beaucoup ignorent les droits associés à la RQTH, comme les aménagements de poste qui pourraient améliorer leur quotidien professionnel. Certains cadres hésitent à se déclarer, car ils associent le terme « handicap » à des limitations sévères.

Souvent, cette démarche est forcée par la dégradation de leur santé et la nécessité d’aménagements de travail. Cependant, la peur de la stigmatisation et le manque d’informations créent un blocage qui retarde la déclaration.

Conseil Jobinlive

  1. Clarifier ce qu’est un handicap éligible : Tous les handicaps ne se voient pas. Parler ouvertement de ceux qui sont invisibles — comme les troubles psychiques ou chroniques — aide à déconstruire les idées reçues. (80% des handicaps sont invisibles)
  2. Aider à sortir du déni, avec pédagogie : Certains salariés minimisent leurs difficultés ou ne se sentent pas “légitimes” à demander une RQTH.
  3. Faire intervenir des professionnels de santé : Le message est plus clair et plus crédible s’il vient d’un professionnel reconnu. Ils peuvent expliquer les impacts concrets du handicap au travail.
  4. Créer des temps de dialogue réguliers : Intégrer le sujet handicap dans les moments clés du parcours RH : accueil, entretiens annuels, formations managériales. Cela permet d’ouvrir l’échange, en continu. Nous vous aidons à convaincre vos salariés à déclarer leur handicap. Contactez-nous

Encourager la déclaration du handicap

⚙️ Les entreprises font face à des enjeux croissants liés au handicap. Le vieillissement de la population et l’augmentation des maladies chroniques en font partie.

En 2018, le Conseil économique, social et environnemental annonçait que 25 % des actifs seraient touchés par une affection de longue durée d’ici 2025. De plus, les pressions des notations extrafinancières et des rapports RSE sont de plus en plus présentes.

🫶 Face à ces défis, les entreprises doivent aller au-delà des obligations légales. Il est essentiel de créer un environnement de confiance. Cela encouragera les cadres à déclarer leur handicap. Sans cette déclaration, les dispositifs d’aide restent inefficaces.

Le Saviez-vous ?

Les entreprises de 20 salariés et plus doivent verser une contribution annuelle si leur taux d’emploi de travailleurs handicapés est inférieur à 6 %. Cette contribution concerne chaque poste non pourvu par un salarié en situation de handicap.

Pas de panique. Nous vous accompagnons dans le recrutement des personnes en situation de handicap. Echanger avec un expert.

Miser sur la confiance et la pédagogie

La peur de la discrimination ou de la perte d’opportunités professionnelles freine souvent la déclaration de la RQTH.

🪄 Pour lever cette crainte, les entreprises doivent rassurer leurs collaborateurs. Il est essentiel de clarifier la confidentialité des démarches et de mettre en avant les fonds dédiés à l’aménagement des postes.

💊 De plus, les référents handicap jouent un rôle clé en tant qu’intermédiaires entre le médecin du travail et les managers. Former ces acteurs, ainsi que les RH de proximité, est également crucial. Ils doivent être capables de poser les bonnes questions dans un cadre bienveillant, notamment lors du recrutement ou des entretiens médicaux. Cela aide à normaliser le sujet et à créer un environnement de confiance.

Conseil Jobinlive

La déclaration ne doit pas être une fin en soi, mais un point d’entrée vers un accompagnement personnalisé. Ce dernier peut comprendre :

 

🧐 Un suivi annuel avec un référent handicap ou un coach professionnel ;

📔L’accès facilité à des aides matérielles ou humaines (interprète, ergonome, véhicule adapté) ;

🎯 Des ajustements d’organisation (télétravail, pauses, horaires aménagés) ;

💪 Du mentorat ou du coaching spécifique pour favoriser l’évolution professionnelle

Pour alléger la charge liée à la déclaration de la RQTH, le référent handicap doit être un interlocuteur clé.

✅ D’abord, il organise un rendez-vous pour expliquer les aménagements possibles et les étapes à suivre. Un suivi automatique avec le médecin du travail peut ensuite être planifié. Après la visite médicale, un second entretien permet de discuter des besoins et des impacts sur l’équipe. Il est aussi essentiel de rencontrer les managers pour les accompagner. Lors de la mise en place des aménagements, le référent gère la commande et le suivi. Enfin, un entretien annuel permet de réévaluer les besoins et ajuster les solutions.

Profiter des aides de compensation du handicap en entreprise

Les entreprises ont accès à plusieurs aides pour faciliter l’intégration des cadres en situation de handicap.

  1. Tout d’abord, l’aide à l’adaptation des postes de travail permet de financer les aménagements nécessaires pour un meilleur confort au travail.
  2. Ensuite, l‘aide à l’accueil et à l’intégration professionnelle soutient l’arrivée des nouveaux salariés handicapés en entreprise.
  3. Par ailleurs, l’aide à la reconnaissance de la lourdeur du handicap (RLH) compense les coûts liés à l’adaptation des postes de travail. En complément, l’aide à la formation pour le maintien dans l’emploi finance la formation continue des salariés handicapés, afin de garantir leur évolution professionnelle.
  4. Enfin, l’aide à l’adaptation des situations de travail couvre les frais d’aménagements spécifiques, y compris pour le télétravail.

Former, sensibiliser les équipes

📢 La formation et la sensibilisation est un levier essentiel pour faire évoluer les pratiques. Cela passe d’abord par des actions concrètes : ateliers, kits pédagogiques, dépliants ou fiches pratiques.

Ensuite, il faut impliquer tous les acteurs. Managers, RH, référents handicap : chacun doit comprendre son rôle. La formation à la non-discrimination, à l’accueil ou au recrutement inclusif est clé. Pour renforcer l’impact, il est utile de varier les formats et les intervenants. Un manager, un collègue ou un professionnel de santé peuvent tour à tour porter le message.

🎯 Enfin, les communications doivent être claires, accessibles et personnalisées. Ce sont autant d’outils pour créer une culture d’entreprise réellement inclusive.

Le Saviez-vous ?

Bold-On, l’agence de communication RH du groupe Job in Live, conçoit vos campagnes internes et externes pour valoriser inclusion et diversité. Echanger avec un expert.

En conclusion

Pour progresser vers une entreprise vraiment inclusive, il faut aller plus loin que la loi. Encourager la déclaration de handicap passe d’abord par la confiance. Ensuite, par une information claire. Enfin, par l’implication de tous les acteurs internes. Les aides existent. Les outils aussi. Mais sans une politique active et cohérente, ils restent sous-utilisés.

En agissant dès maintenant, les entreprises peuvent allier performance, équité et attractivité.

Bâtir une politique handicap efficace

Notre cabinet vous accompagne dans la mise en œuvre d’une stratégie inclusive, durable et conforme aux obligations légales.

Partager l'article :

Sommaire