7 % des cadres sont en situation de handicap, mais moins de 2 % osent le déclarer officiellement. Un chiffre révélateur d’un malaise persistant dans le monde du travail. En France, malgré des politiques d’inclusion renforcées, de nombreux cadres préfèrent taire leur handicap. Par peur d’être jugés. Par crainte de voir leur carrière freinée. Par manque de confiance dans leur environnement professionnel.
Résultat : fatigue accrue, isolement, opportunités manquées, et surtout, un non-recours massif à la RQTH. Ce silence a un coût — humain et organisationnel.
Dans cet article, nous vous proposons de décrypter ce phénomène, en nous appuyant sur des études récentes. Nous explorerons les freins à la déclaration, les impacts pour les collaborateurs comme pour l’entreprise, et surtout, des leviers concrets pour agir.
Pourquoi les cadres hésitent-ils à déclarer leur handicap ?
La majorité des cadres en situation de handicap choisissent de ne pas en parler en entreprise. Derrière ce silence, des freins puissants, souvent méconnus, mais bien réels.
Carrière à l’arrêt : une peur omniprésente
🧐 Les cadres redoutent un impact direct sur leur évolution professionnelle.
Dans un environnement où la performance est reine, certains cadres craignent d’être mis à l’écart des projets à forte valeur.
Pire encore, ils redoutent de se voir confier des missions moins ambitieuses, prétendument pour les « protéger ». En effet, ces freins à la mobilité interne, à la formation et à la promotion nourrissent la peur d’un parcours professionnel à l’arrêt.
Handicap : se déclarer dès l’embauche ? Un pari risqué
💡 Mentionner son handicap sur un CV reste un vrai dilemme. Selon une étude Agefiph, FIPHFP et Ladapt (2024), 92 % des recruteurs conseilleraient à un proche d’en parler en entretien. Mais ils ne sont que 61 % à recommander de le signaler dès le CV.
🤔 Pourquoi ce flou ? Parce que le risque de discrimination à l’embauche reste bien réel. La transparence est encouragée… mais rarement sans conséquence.
🔍 Résultat : beaucoup choisissent la prudence et attendent le face-à-face pour évoquer leur situation. Parfois, ils préfèrent même ne rien dire du tout.
Cette méfiance ne disparaît pas une fois le contrat signé. Une étude Apec menée après les Jeux paralympiques de 2024 en témoigne. 1 000 cadres du privé ont été interrogés sur leur perception du handicap en entreprise. Certes, 60 % disent avoir changé de regard après les JOP.
👉 Mais dans les faits, le terrain reste peu inclusif :
Les freins à la déclaration du handicap chez les cadres
🚨 De nombreux cadres évitent de déclarer leur handicap en raison de la complexité du processus administratif, qu’ils connaissent mal. Beaucoup ignorent les droits associés à la RQTH, comme les aménagements de poste qui pourraient améliorer leur quotidien professionnel. Certains cadres hésitent à se déclarer, car ils associent le terme « handicap » à des limitations sévères.
Souvent, cette démarche est forcée par la dégradation de leur santé et la nécessité d’aménagements de travail. Cependant, la peur de la stigmatisation et le manque d’informations créent un blocage qui retarde la déclaration.
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Encourager la déclaration du handicap
⚙️ Les entreprises font face à des enjeux croissants liés au handicap. Le vieillissement de la population et l’augmentation des maladies chroniques en font partie.
En 2018, le Conseil économique, social et environnemental annonçait que 25 % des actifs seraient touchés par une affection de longue durée d’ici 2025. De plus, les pressions des notations extrafinancières et des rapports RSE sont de plus en plus présentes.
🫶 Face à ces défis, les entreprises doivent aller au-delà des obligations légales. Il est essentiel de créer un environnement de confiance. Cela encouragera les cadres à déclarer leur handicap. Sans cette déclaration, les dispositifs d’aide restent inefficaces.
Miser sur la confiance et la pédagogie
La peur de la discrimination ou de la perte d’opportunités professionnelles freine souvent la déclaration de la RQTH.
🪄 Pour lever cette crainte, les entreprises doivent rassurer leurs collaborateurs. Il est essentiel de clarifier la confidentialité des démarches et de mettre en avant les fonds dédiés à l’aménagement des postes.
💊 De plus, les référents handicap jouent un rôle clé en tant qu’intermédiaires entre le médecin du travail et les managers. Former ces acteurs, ainsi que les RH de proximité, est également crucial. Ils doivent être capables de poser les bonnes questions dans un cadre bienveillant, notamment lors du recrutement ou des entretiens médicaux. Cela aide à normaliser le sujet et à créer un environnement de confiance.
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Profiter des aides de compensation du handicap en entreprise
Les entreprises ont accès à plusieurs aides pour faciliter l’intégration des cadres en situation de handicap.
- Tout d’abord, l’aide à l’adaptation des postes de travail permet de financer les aménagements nécessaires pour un meilleur confort au travail.
- Ensuite, l‘aide à l’accueil et à l’intégration professionnelle soutient l’arrivée des nouveaux salariés handicapés en entreprise.
- Par ailleurs, l’aide à la reconnaissance de la lourdeur du handicap (RLH) compense les coûts liés à l’adaptation des postes de travail. En complément, l’aide à la formation pour le maintien dans l’emploi finance la formation continue des salariés handicapés, afin de garantir leur évolution professionnelle.
- Enfin, l’aide à l’adaptation des situations de travail couvre les frais d’aménagements spécifiques, y compris pour le télétravail.
Former, sensibiliser les équipes
📢 La formation et la sensibilisation est un levier essentiel pour faire évoluer les pratiques. Cela passe d’abord par des actions concrètes : ateliers, kits pédagogiques, dépliants ou fiches pratiques.
Ensuite, il faut impliquer tous les acteurs. Managers, RH, référents handicap : chacun doit comprendre son rôle. La formation à la non-discrimination, à l’accueil ou au recrutement inclusif est clé. Pour renforcer l’impact, il est utile de varier les formats et les intervenants. Un manager, un collègue ou un professionnel de santé peuvent tour à tour porter le message.
🎯 Enfin, les communications doivent être claires, accessibles et personnalisées. Ce sont autant d’outils pour créer une culture d’entreprise réellement inclusive.
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En conclusion
Pour progresser vers une entreprise vraiment inclusive, il faut aller plus loin que la loi. Encourager la déclaration de handicap passe d’abord par la confiance. Ensuite, par une information claire. Enfin, par l’implication de tous les acteurs internes. Les aides existent. Les outils aussi. Mais sans une politique active et cohérente, ils restent sous-utilisés.
En agissant dès maintenant, les entreprises peuvent allier performance, équité et attractivité.